À mon elfe, dont les yeux de fougère ne me quittent jamais.
« Ils
ont brisé mon violon
Parce que j’ai l’âme française
Et que, sans peur, aux échos du vallon
J’ai fait chanter la Marseillaise ! »
René de SAINT-PREST
et L. CHRISTIAN,
le Violon brisé, 1885
Paul
Déroulède (1846-1914), avec son nationalisme revanchard, ses
alexandrins bancals et ses rimes foireuses, était-il un
salopard ? C’était peut-être surtout un fieffé imbécile, en
tout cas certains de ses contemporains le tenaient-ils pour tel —
ainsi Alphonse Allais, comme en témoigne ce
merveilleux petit texte. Il est vrai qu’on peut cumuler, et
quoi qu’il en soit Déroulède a eu de son temps un incroyable
succès : la version de ses Chants du soldat dont je me
suis servi pour ce petit travail (Calmann-Lévy, 1885, disponible sur
Gallica)
en était la cent soixante-seizième édition (!) et mentionne
fièrement le couronnement de l’ouvrage par l’Académie française.
Inlassablement,
Déroulède y chante la France chauvine et éternelle, la laideur de
la Prusse, la beauté des massacres, le retour prochain de nos deux
chères sœurs : l’Alsace et la Lorraine. Il chante la défaite
héroïque, il chante la victoire de demain. Et son plus beau poème,
en tout cas celui que je préfère, c’est Bazeille :
« Pif ! paf ! les Bavarois s’avançaient en
colonne. »
Le poème, dans sa page…
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Finalement,
mon choix s’est porté sur le Wedding
de Monotype. Il m’a simplement fallu dessiner un
« œ » manquant et réduire fortement les espaces, à
85 % de leur valeur initiale, pour retrouver l’esprit des
belles Fraktur de notre envahisseur.
La
maquette de couverture m’a un peu fait tâtonner : je crois
avoir finalement obtenu un effet comique un peu surprenant, mais
plaisant. Un beau hasard m’a fait tomber sur une
gravure représentant le massacre de Bazeilles (sans son curé
légendaire). Ce chef-d’œuvre guerrier, dû à un Herr Doktor comme
Déroulède devait les abhorrer, est ainsi venu couronner, en
quatrième de couverture, mon hommage rigolo à notre cher poète
national.
Quatrième page de
couverture (détail) :
le sanglant triomphe des Bavarois. |
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Couverture, composition
en corps 116, 15 et 12. |
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En
revanche, la mise en pages du texte (cliquer
sur ce lien pour voir la page du poème en taille réelle)
s’imposait d’elle-même : il n’y a pas cinquante façons de
composer un poème, même médiocre et même en Fraktur.