« Ce spectacle (…) anima mes regards ;
je sentis qu’ils devaient être tendres et pressants,
et je me plaçai de manière à en faire usage. »
Pierre CHODERLOS DE LACLOS,
Les Liaisons dangereuses.
Trois affiches. Composition en Antique Olive romain et black, texte en corps 11. On peut lire le récit en PDF, lequel se télécharge ici. |
Qu’est-ce
qui se passe quand on prend un texte tout entier, qu’on l’appose sur
une affiche et qu’on le placarde dans les rues [1] ?
Il y a longtemps que je tourne autour de cette idée : mettre un
texte en affiche. Un vrai texte, pas un simple slogan
publicitaire : donner à lire un texte entier, sans qu’on ait
besoin de tourner les pages.
Sur un mur à Toul (photomontage).
Et
que se passe-t-il lorsque le texte ainsi rendu public est un récit
licencieux (lecture solitaire et privée s’il en est !) ? Que
se passe-t-il quand, de surcroît, ce récit parle d’exhibition ?
Et si sous le récit, sous le titre accrocheur, on distingue la
silhouette d’un corps féminin presque dénudé (voilé-dévoilé) qui
irrésistiblement attire le regard ? Que passe-t-il quand on
éveille publiquement le désir, et comment ce désir s’articule-t-il
avec le simple regard et avec la lecture ?
Dans un bar à Nancy (photomontage).
L’occasion
de le savoir m’en a été
donnée par la découverte sur Internet
d’un récit violent et cru :
Exhibition d’une inconnue[2].
J’ai très rapidement pensé à le composer en linéale : l’Antique
Olive de Roger Excoffon — parfaite pour une lecture neutre,
efficace, rapide et très utilitaire, mais qui ne cède pourtant en
rien à l’intégrité du texte qu’elle veut servir.
Un petit morceau du texte, corps 11
/ 16,5,
à taille réelle.
J’ai aussi été attiré par la beauté et l’impact de la version « black » de la police, que j'ai utilisée pour le titre (voir ci-dessous) : on y retrouve la volonté illustrative de son auteur, qui est aussi le créateur des étonnants Choc et Mistral, et du si célèbre Vendôme.
(photomontage).
à Marseille (photomontage).
Le
format d’affiche, son découpage en trois colonnes verticales, les
divisions horizontales du titre et du texte, leur emplacement, le
blanc tournant régulier, les deux fortes lettrines du début et de
fin, se sont très vite imposés d’eux-mêmes, avec peu d’hésitations
et de repentirs : il s’agit d’une affiche, pas d’un livre.
Comparaison de la hauteur des lettres
« X » (capitale) et « x » (bas-de-casse) de
quelques polices.
De gauche à droite : Antique Olive, Gill Sans, Garamond
(Adobe),Baskerville (Monotype).
Comme
j’en ai désormais l’habitude, j’ai resserré la valeur de l’espace à
90 % et laissé un minimum de jeu dans l’interlettrage des C&J,
quitte à tout repatiner ligne à ligne — ce qui d’ailleurs n’a pas
été nécessaire, tant le texte tombait naturellement bien dans ses
colonnes.
Sous-texte
Les
provocantes photos du sous-texte proviennent tout simplement de
mon disque dur. Le modèle (que j’ai connue autrefois sous le nom
d’Oraneblue) n’est pas l’héroïne de ce récit, mais seulement son
prétexte et son illustration.
Sur un mur de Nancy (photomontage)…
J’espère
que l’auteur (inconnu) de ces photos de charme me pardonnera de
les avoir quelque peu mises à mal : recadrées, pâlies,
rendues très floues et avec beaucoup de grain ajouté. Il ne
fallait pas que ce si joli corps perturbe la lecture, mais
simplement qu’il heurte, intrigue et attire l’œil du passant
imaginaire.
… et sur un autre aux Andelys (photomontage).
[2]
Sa version originale se trouve sur le site de textes érotiques Revebebe
; je remercie son auteur de m’avoir permis de le reproduire.
[3] Par ailleurs, la hauteur du bloc d’empagement est égale à ce carré multiplié par deux + la hauteur du blanc d’une ligne de titre. Je ne l’ai pas fait exprès, mais vraiment ça tombait bien…
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