Auriol (nom de l’auteur) et Raphael (titre de l’ouvrage) |
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Remarque
complémentaire : Georges Auriol voulait réellement
dessiner une police de labeur. Mais la version numérique (Adobe) de la
police est calquée sur un grand corps (vraisemblablement le corps 48,
destiné à l’annonce et à la titraille…), et ne respecte ni le dessin,
ni la métrique des corps 10 et 12 de la police d’origine. En somme,
j’ai travaillé, bien obligé mais sans le savoir, non pas avec un
supposé « Auriol labeur », mais avec un bien réel
« Auriol titrage »…
Pour
la couverture, j’ai voulu changer de style et risquer ma chance avec
du Raphael, une police gentiment déjantée, à l’authenticité douteuse
et au dessin farfelu. Les embossages et les reliefs sont un hommage
aux ébouriffantes couvertures gaufrées des supposés
« best-sellers » qui parsèment nos plages lors des mois
d’été.
Le
colophon est bien plus qu’au carré. Il recèle aussi une petite
énigme : au lecteur et à la lectrice de deviner laquelle (on n’y
gagne pas grand-chose, hormis mon admiration éternelle !)
Techniques
et fariboles
L’Auriol
en version numérique n’a pas de chiffres elzéviriens : j’en ai
dessiné un jeu (en vitesse, et sans doute plutôt mal que bien),
rectifiant au passage et dans Fontographer quelques paires d’approches
et allongeant la barre horizontale du « t », si courte dans
la version originale que cette lettre semble toujours être un
« l ».
Pour
compenser la perte de graisse des petites capitales, j’ai créé une
police demi-gras (par interpolation des versions standard et bold).
J’aurais pu directement dessiner ces petites capitales, mais ça ne m’a
pas paru nécessaire.
Comme
dans beaucoup de polices dues à des fondeurs américains, la valeur de
l’espace de l’Auriol numérique est beaucoup trop grande : je l’ai
diminuée dans le logiciel de composition (XPress). En revanche, il m’a
semblé indispensable d’interlettrer fortement le texte, pour laisser
respirer chaque lettre et rendre la lecture plus facile. De même,
l’interlignage est ici plutôt grand, ce qui n’est pas dans mes
habitudes ; mais l’Auriol est si gras qu’avec un interlignage
plus petit, les pages auraient été d’une densité de gris probablement
insupportable.
Le
format des pages et l’empagement
ont été décidés de chic, après de nombreux dessins et essais à partir
du Nombre d’Or, du canon de Honnecourt, de celui des imprimeurs. Rien
ne fonctionnait vraiment, et j’ai une nouvelle fois décidé de m’en
remettre à mon intuition, en équilibrant les masses de gris et de
blanc à l’aide de l’œil et de la main (c’est par hasard que j’arrive
ici à un format de papier proche du A5).
Depuis
un petit bout de temps (depuis Hermès
dévoilé, je crois), les formules classiques d’empagement
ne me conviennent plus. Certes, elles sont si fiables qu’elles
permettent de ne jamais se tromper. Mais elles ne déroutent
pas le lecteur, ou plus exactement elles ne le mettent pas sur la
bonne route, ni ne valorisent le texte dans la double page… Je n’ai
pas d’explication à ce phénomène qui m’est entièrement personnel.
Vignette en
Auriol Flowers
pour la quatrième de couverture
Car il y en a que ça intéresse…
Si, si, il y a des gens friands de détails sur les manières de faire. Alors, en voici quelques-unes :
• Format
de page : 14,2 × 20,8 cm.
• Colonne : 9,13 × 14,3 cm.
• Texte en Auriol, corps 11,5, interligné 14,5.
• C&J du texte courant : espace minimale :
85 %, optimale : 90 %, maximale : 95 % ;
interlettrage minimal : 3 %, optimal : 4 %,
maximal : 7 %.
Aux voleurs de bien commun !
(Janvier-février
2014)
Une
milice privée à la solde de nombreux éditeurs, Attributor,
m’informe pour la seconde fois en un an que le
Droit à la paresse serait la propriété exclusive et
inaliénable d’un de ses clients, la maison d'édition Editis :
en effet, une des filiales de ce conglomérat, nommée La
Découverte, a réédité ce texte en l’augmentant d'une préface
et d’une étude critique. Et voilà qu’Attributor prétend qu’Editis
serait à ce titre dépositaire des droits sur l’œuvre de Paul
Lafargue et me somme de retirer le
PDF que vous pouvez télécharger ici, sous peine des plus
graves représailles !
Paul
Lafargue est mort en 1911, voilà qui ne trouble guère ni Editis ni
ses mercenaires. Mais on ne s’étonnera pas que des détrousseurs de
morts et de vivants aient aussi des mœurs, une mentalité et des
pratiques de gangsters.
Calimaq,
dans un excellent
billet publié sur son indispensable blog Silex,
fait longuement le point sur cette affaire, en élargissant son
propos sur les dérives du copyfraud.
Et surtout, il appelle à lutter et à résister contre ce genre de
pratiques, en l’occurence et très concrètement en diffusant et en
disséminant le PDF de
cette version du Droit à la paresse.
Qu’il
en soit remercié !
Le
5 février 2014…
Dernière
minute (6 février 2014, 6 h du matin) : suite à la
mobilisation, Attributor vient de retirer sa demande…
[1] Francis THIBAUDEAU, la Lettre d’imprimerie et 12 notices illustrées sur les arts du livre, préface de Georges Lecomte, Le Bureau de l’édition, Paris, 1921, et Manuel de typographie moderne, Le Bureau de l’édition, Paris, 1924.
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