À
Martine Toda. — À mes enfants Martin et Nadia Hurtig.
En souvenir du lumineux automme de 1998.
« Le
vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre. »
Stéphane MALLARMÉ,
Sonnet, 1885.
Une question d’adaptation
Lorsque
L.L. de Mars m’a proposé, courant 2005, de reprendre mon
travail de 1998 sur Maldoror pour accompagner un
livre de dessins qu’il avait en préparation, j’ai été à la fois
intrigué et extrêmement séduit. Et c’est sans hésiter que j'ai
accepté le défi.
septembre-octobre 1998. Composition en Fenice, corps 12. Format réel : 20 × 16,66 cm. |
août-septembre 2006 Composition en Cheltenham Condensed et Handtooled, corps 10,8. Format réel : 24 × 16,5 cm. |
|||
Son
souhait était que je suive ma ligne directrice de 1998, tout en
l’adaptant à son projet : « Ce serait pour accompagner
les dessins, sur un format allongé. Exactement comme un livre pour
enfants. Mais des grands enfants un peu pervers… »
Très
vite, j’ai pensé que cette adaptation pourrait se faire
ainsi :
—
Composition du texte en Cheltenham et non plus en Fenice (l’emploi
du Cheltenham m’avait d’ailleurs été, dès 1998, suggéré
par Thierry Bouche).
—
Passage, là où c’était possible, du texte sur deux colonnes, pas
nécessairement de largeurs égales, avec un gris typographique
suffisamment serré pour éviter l’aspect mièvre et trop joli qu’on
peut redouter en ce cas-là et dans un tel format.
—
Tentative de retrouver la typographie un peu lourde, un peu
défectueuse, un peu pressée, des feuilletons littéraires publiés
dans les quotidiens du XIXe
siècle, notamment en resserrant les approches tout en n’hésitant
pas à utiliser ça et là des blancs intermots un peu lâches, ou des
césures qu’en d’autres occasions je trouverais douteuses.
Travail
préparatoire de 2005, page de droite.
Composition en Cheltenham semi-étroitisé, corps 10,8.
Format réel : 25 × 17 cm.
Travaux préliminaires et travail achevé
Au
début, il s’agissait simplement d’habiller les dessins avec le
texte de Lautréamont, mais très vite le projet a été abandonné
sous cette forme, et L.L. de Mars a commencé à typo-malmener les Chants
à sa façon, en Aldus.
Il
s’explique dans le livre, de façon éloquente et forte, sur cet
aspect de son travail, ainsi que sur la démarche qui l’a conduit à
vouloir publier un livre en deux parties : un cahier de 80
pages où ses illustrations alternent et répondent à sa
« destruction » du texte de Lautréamont, suivi par un
cahier contenant la mise en pages du texte intégral (et intact…)
des Chants.
extraits d’Une traversée des Chants de Maldoror.
Alors
j’ai tout recommencé, me conformant aux demandes de l’auteur et
de l’éditeur : stricte séparation du « chemin hors de
la lecture » de L.L. de Mars et du texte intégral de
Lautréamont, nouveau format de l'ouvrage, nombre de pages
restreint, utilisation de couleurs Pantone pour le texte et le
fond des pages.
Ainsi
deux visions de la même œuvre se côtoient, s’observent et se
répondent : celle de L.L. de Mars et la mienne. Deux façons
d’envisager le texte, de tourner autour, de le servir et de le
repousser. L’une s’appuyant sur l’autre et inversement.
Et
un aspect du mien : les pages 100 et 101 des Chants
(août-septembre 2006).
Composition du texte en Cheltenham Condensed, corps 10,8,
interligné 11,5.
Format réel de chaque page : 24 × 16,5 cm.
Les titres intérieurs, lettrines, titres courants et folios ont été travaillés séparément : utilisation de la version azurée du Cheltenham pour les titres intérieurs et les lettrines, passage des titres intérieurs, des titres courants et du foliotage dans la couleur du fond (très affadie).
|
en Cheltenham gras |
Le
Cheltenham Condensed est formidable. C’est une mécane, mais qui
n’a pas l’aspect balourd, un peu statique et brutalement
imposant de sa sœur de chasse normale. À taille classique
d’impression pour un travail de labeur, il évoque presque, par
sa silhouette fine et lyrique, un jouet d’enfant qui serait
élancé vers le ciel. C’est la didone du pauvre, si l’on veut —
d'une évangélique pauvreté : une fausse didone très
élégante, pour journaux populaires à grand tirage… À des
années-lumière du monstrueux Fenice (une « vraie »
didone) utilisé pour ma
première version.
en Cheltenham Consensed (à gauche)
et en Cheltenham Book (à droite).
de la page 213 des Chants. |
Le colophon
À ce livre, il fallait un colophon…
Après
bien des hésitations (voir mes deux autres essais sur la page
de ce site consacrée
aux colophons), celui retenu est en Cheltenham Consensed
corps 8, tout en capitales.
Une traversée des Chants de Maldoror, dessins de L.L. de Mars et texte intégral du comte de Lautréamont, est publié par les éditions 6 Pieds sous terre (29 euros, 224 pages, ISBN : 978-2-35212-009-4). Mis en vente en librarie le 4 janvier 2007, il en reste encore peut-être quelques exemplaires, disponibles sur commande sur le site Web de l’éditeur. Cet ouvrage, sous copyleft, est présenté par son auteur sur le site Web du Terrier, où il est également disponible en téléchargement.
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